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Voies de travers
On ne révèle jamais mieux son désir que lorsqu’on bifurque de la voie directe sur une voie de travers. Georges Didi-Huberman
Et si bifurquer sur une voie de travers c’était partir en recherche.? Partir en recherche ? Mais de quoi ? Ne pourrait-on pas partir en recherche tout simplement ? Comme on part à l’aventure, avec une vague idée de quelque destination, mais surtout avec un grand désir de découverte ? Ce qui se découvre ne se laisse découvrir que chemin faisant et demande à l’aventurierier.e de se mettre dans un état d’attention particulier. Attention à ce qui pourrait surgir, ou se dévoiler et que l’on n’attend pas. Toute la question serait alors de savoir, non pas tant ce que l’on cherche, mais plutôt comment on le cherche. Georges Didi-Huberman
J’aimerais mettre en évidence ici l’importance des gestes de la mise en recherche dont la richesse tient aussi et surtout à la mise en mouvement qu’elle implique. Avancer doucement, tourner autour, changer de point de vue, renverser l’ordre, prendre une autre voie, se poser un moment, sautiller d’une chose à l’autre, créer des liens inattendus, ... Ces sortes d’expériences de tâtonnement,(...) pourraient être appelées des expériences pour voir, parce qu’elles sont destinées à faire surgir une première observation imprévue et indéterminée d’avance, mais dont l’apparition pourra suggérer une idée expérimentale et ouvrir une voie de recherche. Claude Bernard
Entreprendre une recherche, dans un monde fait de mots d’ordre, d’images tonitruantes et de désirs injectés c’est nager à contre courant et rentrer dans le domaine du doute, de l’erreur, de l’expérimentation, de la découverte, de l’apprentissage, du mouvement, du changement.
Les Voies de travers sont cheminées par Fré Werbrouck accompagnée ponctuellement par Antia Diaz Otero.
Travailler au travers – il faut l’écrire au pluriel puisque les voies de travers sont, par définition, innombrables – ne consiste donc pas à ouvrir de grandes percées toutes droites dans la forêt vierge du non-savoir, ce qui supposerait de détruire les obstacles, de couper les lianes à la machette, de faire place nette des arbres et de leurs racines même, qui sont toujours encombrantes bien qu’invisibles d’abord. Cela suppose de marcher dans la jungle humide de l’immanence, d’accepter la persistance des obstacles, de buter sur les racines et de sentir les lianes passer sur notre visage. C’est vouloir respecter la complexité, voire le désordre du monde. C’est renoncer d’abord à démêler, à trancher trop brutalement dans les problèmes. Georges Didi-Huberman, Aperçues
Image : Miho Kajioka